Rachel

Sur la route avec Rachel

Rachel

 

L’histoire de Rachel gagne à être connue. Elle contient des thèmes, d’amour, d’aventure, de rivalité et de maternité. Rachel est devenue l’image idéale de mère donnant sa vie pour ses enfants. Prenons la route avec elle pour découvrir une vie remplie de joie et de tristesse. 

L’histoire de Rachel

L’histoire de Rachel contenue dans le livre de la Genèse peut être divisée en cinq parties : un prologue, trois actes et un épilogue.

Prologue (Gn 29,1-12) : Rachel, jeune et vulnérable est en chemin pour faire paitre ses brebis quand elle rencontre Jacob au puits. Elle risque la rencontre de cet étranger. Dès cette première rencontre, l’amour était au rendez-vous. Ils s’embrassent et pleurent, puis, Rachel l’accueille chez son père Laban. 

Acte I (Gn 29,13-30) : Rachel, en route vers le mariage, doit attendre patiemment pendant que Jacob travaille sept ans chez son père pour pouvoir l’épouser. Ce délai écoulé, Jacob demanda à Laban la main de sa fille Rachel. Selon la coutume, la fiancée demeurait voilée et Laban substitua à Rachel sa fille aînée Léa, qui s’unit à Jacob. C’est la déception pour Rachel qui est piégée par son propre père et devient la rivale de sa sœur ainée.
 
Acte 2 (Gn 29,31-30,24) : Jacob accepte de travailler sept autres années pour marier Rachel. Maintenant mariée, Rachel est en chemin vers la maternité. Malheureusement, elle était stérile, ce qui la rendit très envieuse de la fécondité de sa sœur ainée qui a eu six fils et une fille avec Jacob, leur mari. Elle demanda alors à sa servante de concevoir des enfants (Dan et Nephtalli) avec Jacob. Selon cette coutume, les enfants de cette union étaient considérés comme ceux de Rachel. Pourtant, elle désire ardemment être mère, elle crie vers le Seigneur : « Donne-moi des enfants, ou je vais mourir! » Finalement, Dieu se souvint de Rachel et la rendit féconde. Elle enfanta Joseph. Par la suite, elle s’adresse de nouveau à Dieu : « Que le Seigneur me donne un autre fils! »

Acte 3 (Gn 30,25-35,20) : Enceinte, Rachel part sur la route vers Canaan, la terre de Jacob. Plusieurs difficultés marquent leur voyage : la rencontre avec Ésaü, le passage de Yabboq où Jacob lutta contre le Seigneur (Gn 32,23-33) et les violences à Sichem (Gn 34). Sur cette route, Rachel enfanta dans la douleur. Elle meurt en donnant la vie. Dans son dernier souffle, elle nomma son fils Ben-Oni ce qui veut dire fils du deuil. Plus tard, son père l’appellera Benjamin. Rachel est alors enterrée sur le bord du chemin par Jacob qui érige une stèle sur sa tombe. 

Épilogue : Au chapitre 48, Jacob résume la vie de Rachel en mettant l’emphase sur sa mort et son enterrement sur la route. Son histoire se poursuit avec ses enfants envoyés en chemin vers l’Égypte (Gn 39-47). Son fils Joseph sera vendu par ses frères, mais il deviendra le conseiller du Pharaon d’Égypte et permettra l’accueil de la famille devant s’exiler pour survivre à la famine.

Les pleurs de Rachel

L’histoire de Rachel ne se termine pas là. Elle inspire le prophète Jérémie lorsqu’il cherche des mots pour décrire la souffrance incroyable de la destruction de Jérusalem et de l’exil à Babylone. De sa tombe, Rachel pleure le sort de ses enfants qui partent sur la route de l’Exil et ceux qui sont morts dans la destruction de Jérusalem.

« Dans Rama, on entend une voix plaintive, des pleurs amers : Rachel pleure sur ses enfants, elle refuse tout réconfort, car ses enfants ont disparu. » (Jr 31,15) Étonnamment, ces pleurs sont évoqués alors que le prophète décrit le retour de l’Exil. Le Seigneur a entendu la voix de Rachel, il permet un avenir d’espérance. Quel message extraordinaire! Rachel devient alors un modèle de foi et d’espérance lorsqu’il n’y a plus rien à espérer. 

L’évangile de Matthieu fera de même lorsqu’il raconte le massacre des enfants de moins de deux ans de Bethléem par Hérode (Mt 2,16-18). Devant cette souffrance injuste, il cite Jérémie 31,15 qui évoque les pleurs de Rachel pour ses enfants. 

À la fin de cet évangile, on comprend que les pleurs de mère Rachel anticipent ceux de Marie, au pied de la croix recueillant le corps de son fils décédé. Jésus, comme Rachel, est mort en dehors de la ville sur le chemin. Heureusement, l’histoire ne se termine pas là. Les pleurs des femmes au tombeau sont transformés en grande joie (Mt 28,6).

Elle pleure encore aujourd’hui

Enterré sur le chemin de Bethléem, le lieu traditionnel de la tombe de Rachel reste accessible à tous. Chrétiens, musulmans et Juifs vivant des difficultés s’y sont recueillis jusqu’à aujourd’hui. 

À travers l’histoire, Rachel est restée l’inspiration de tous ceux qui ont vécu des douleurs inconsolables. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, Rachel avait six millions d’enfants qui sont décédés. Elle les a pleurés et, avec elle, Dieu aussi. Parce qu’il aime ses enfants et ne les oublie pas.

Je crois que Rachel continue de pleurer aujourd’hui pour plusieurs de ses enfants. Que dire lorsque 20 enfants de l’école Sandy Hook à Newtown ont été tués en décembre 2012? Rachel était avec les pleurs de parents et d’enfants dévastés. On l’évoque encore lorsque les paroles ne peuvent rendre compte des souffrances injustes. Écoutons la souffrance des innocents et pleurons avec eux.

Je laisse les dernières paroles au Rabbi Shimon ben Yohai pour qui la foi de Rachel est si importante dans l’histoire biblique qu’il dit : « Tout dépendait de Rachel » .

Rachel en bref
Nom et signification Rachel : brebis
Lieu de naissance Harrân en Mésopotamie
Qualités Belle (Gn 29,17)
Mari  Jacob
Enfants (Dan et Nephtalli par adoption)
Joseph et Benjamin
Son plus grand problème La stérilité
Pires erreurs  -    Faire confiance à son père pour arranger son mariage.
-    Partir enceinte en voyage.

Sébastien Doane

Première parution : Revue Notre-Dame du Cap