Ruth

Ruth, l'étrangère

Ruth glane du blé.
Ruth glane derrière les moissonneurs pour prendre les gerbes d’orge laissées par terre. © insight.bibliotech.us  


Le livre de Ruth transmet qu’au milieu de la famine, de la pauvreté et de la mort, l’espoir peut naître!

Le livre de Ruth commence par Noémie et sa famille qui quittent Bethléem à cause d’une famine qui sévit en Israël. Ils vont se réfugier au pays de Moab, l’ennemi juré des Hébreux. Un des fils de Noémi va marier Ruth, une Moabite. Or, au bout de dix ans dans ce pays, le mari et les fils de Noémie sont morts. Il ne reste que les femmes devenues veuves : Noémie et ses belles-filles Ruth et Orpa. Leur perspective est horrible, être veuve à cette époque, c’était vivre une vie de pauvreté et de vulnérabilité. Désemparée, Noémi dit : « mon amertume est extrême… c’est contre moi que s’est manifestée la main du Seigneur. » (Rt 1,13) Elle décide de retourner dans son pays à Bethléem. Orpa choisit de rester à Moab, mais Ruth dit à sa belle mère : « où tu iras, j’irai… ton peuple sera mon peuple, ton dieu sera mon dieu. » (Rt 1,16) 

L’initiative de Ruth

Ruth revient donc avec Noémie à Bethléem. Là, c’est Ruth qui trouve une façon de subsister. Elle use d’un droit reconnu aux pauvres et aux étrangers : aller glaner derrière les moissonneurs pour prendre les gerbes d’orge laissées par terre. Elle les ramène à Noémi dont elle s’occupe. Par hasard, le champ qu’elle a choisi appartient à Booz, un parent de son défunt mari. Elle y reçoit un traitement spécial : elle peut boire, continuer à glaner, et elle ne sera pas inquiétée par les jeunes hommes de la terre. Il faut savoir que les glaneuses étaient particulièrement vulnérables. Elles prenaient ce qui restait des récoltes parce qu’elles n’avaient pas d’homme dans leur entourage. Sans protection, elles pouvaient facilement être de victime d’abus. Booz s’occupe d’elle. Il donne même comme instruction à ses hommes de laisser tomber du grain pour qu’elle puisse glaner plus facilement. 

Le plan de Noémi

Lorsque Noémi apprend à qui appartient le champ, elle voit la loyauté du Seigneur qui passe par l’attention spéciale de Booz. Elle révèle alors à Ruth que Booz est son proche parent, et qu’il pourrait avoir le droit de la prendre comme épouse. Noémi dit alors à Ruth de se laver, de se parfumer et de se mettre belle pour aller se cacher là où Booz ira dormir. Elle lui dit « Quand il se couchera… arrive, découvre ses pieds et couche-toi. Lui t’indiquera quoi faire. » (Rt 3,4) Ruth exécute le plan audacieux de Noémi. Lorsqu’elle se retrouve dans une position assez suggestive, couchée avec Booz, elle lui dit d’étendre sur elle son manteau, une expression signifiant qu’elle désire qu’il l’épouse. Booz bénit le Seigneur parce que Ruth n’a pas choisi un homme plus jeune que lui, et il s’engage à faire les démarches pour pouvoir la marier. 

L’union de Booz et de Ruth

Le lendemain, le couple se lève tôt pour que Ruth puisse s’en aller sans être vue et éviter un scandale. Ruth part avec du grain pour Noémi, et Booz va négocier avec un homme qui est un plus proche parent de Ruth que lui, pour avoir le droit de l’épouser. Booz achète la terre du plus proche parent ainsi que le droit de marier Ruth et la négociation se termine symboliquement par un curieux échange de sandales entre les deux hommes. Booz déclare alors publiquement qu’il marie Ruth. À la conclusion du mariage, les témoins disent : « Que le Seigneur rende Ruth qui entre dans ta maison comme Rachel et comme Léa qui ont bâti, elles deux, la maison d’Israël. » (Rt 4,11) C’est ce qui arriva : celle qui est étrangère va contribuer au futur du peuple. En effet, elle aura comme fils, Oved, comme petit fils, Jessé, et comme petit, petit fils, le roi David. À la naissance de son enfant, les gens de Bethléem proclament une bénédiction pour Noémi, sa grand-mère, qui grâce à cet enfant ne disparaîtra pas sans descendance. Ainsi Ruth a permis de redonner vie à cette famille et plus largement au peuple d’Israël. 

Dieu passe par l’étranger

La généalogie de Jésus de l’Évangile de Matthieu mentionne seulement quatre femmes, et Ruth est l’une de celles-ci. En tant qu’étrangère, elle n’appartenait pas au peuple élu, mais il arrive que Dieu accomplisse des merveilles par ceux que nous ne reconnaissons pas comme étant des nôtres. Des Moabites, il y en a aussi chez nous! L’histoire de Ruth nous rappelle que Dieu passe parfois par des étrangers. Peut-être même qu’il pourrait se révéler par des sans-abris, des personnes vivant avec un handicap, même des criminels! Il peut retourner complètement la situation, renverser l’ordre établi. Ceci nous rappelle qu’il ne faut pas s’enfler de notre propre supériorité, de notre sainteté, de notre intelligence, car il se pourrait qu’un de ces jours, une autre Ruth, une autre exclue, puisse être la personne par qui le Seigneur choisit de passer pour donner de la vie.

Ruth en bref
   
Signification de Ruth

 Celle qui est fidèle, l'amie qui réconforte.

Raison de sa précarité

Elle est, à la fois, étrangère, pauvre et veuve.

Ironie présente dans le récit  

Bethléem signifie maison du pain, mais c’est le lieu d’une famine!

Expression intrigante 

 « découvrir les pieds » Cette expression est un euphémisme lié à la sexualité.

Utilisation juive du livre de Ruth  

Le livre de Ruth est lu lors de la fête de la moisson.

Autres femmes mentionnées dans la généalogie de Jésus (Mt 1)  

Tamar, Rahab et la femme d’Urie (Bethsabée).

Personnages du Nouveau Testament qui sont des étrangers participants au projet de Dieu La Cananéenne (Mt 15,21-28)
La Samaritaine (Jn 4)
Le centurion (Mt 8, 5-10)

   
Sébastien Doane

Première parution: Revue Notre-Dame du Cap