Les Maccabées
Des martyres à l’origine de la résurrection
Un jour, lorsque je travaillais dans une école secondaire, une adolescente est venue à mon bureau pour me dire tout l’étonnement et le dégoût qu’elle a vécus lors d’une lecture entendue à la messe qui décrivait une torture inhumaine. J’ai pris ma Bible pour voir trouver avec elle quel était le texte en question. Il s’agissait du livre des Maccabées. Le connaissez-vous? Cette histoire est aussi horrible que fondamentale pour comprendre l’origine du concept de la résurrection.
Qui sont les Maccabées?
Les Maccabées sont une famille juive du deuxième siècle av. J.-C. qui se révolta pour garder les pratiques traditionnelles devant Antiochus IV Épiphane et la dynastie grecque des Séleucides qui dirigeaient le pays et voulaient imposer leur culture.
L’Abomination de la désolation
C’est souvent à travers des coups durs, des événements difficiles à traverser, que viennent les plus grandes leçons de la vie. La croyance en une résurrection a pris racine dans la résistance des Maccabées, torturés et exécutés pour leur fidélité à Dieu.
Au pouvoir, Antiochus IV Épiphane interdit la circoncision et le sabbat. Il fait brûler les Écritures et contraint les Juifs à participer à des cérémonies païennes où l’on consomme du porc. Enfin, il consacre même le Temple de Jérusalem à Zeus! Les Juifs appelleront cette profanation l’abomination de la désolation.
L’origine de la résurrection
C’est devant cette tentative d’assimilation que les Maccabées subissent le martyre pour rester fidèles à la Loi juive. Attaqués dans leur identité fondamentale, ils choisissent la voix de la résistance.
C’est au sein de ces persécutions que surgira la conviction que si quelqu’un a accepté de mourir au lieu de renier la foi de ses pères, il faut que Dieu le récompense après la mort. C’est alors qu’apparaît la croyance en un « après », vue comme une récompense, une rétribution au-delà de la mort, par la résurrection des justes.
Voici un extrait du deuxième livre des Maccabées qui témoigne de l’apparition de cette idée :
Quand le premier eut ainsi quitté la vie, on amena le second au supplice. Après lui avoir arraché la peau de la tête avec les cheveux, on lui demandait : « Mangeras-tu du porc plutôt que de subir la torture de ton corps, membre par membre? » Mais il répondit dans la langue de ses pères : « Non! » C’est pourquoi lui aussi subit les tortures l’une après l’autre. Au moment de rendre le dernier soupir, il dit : « Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle. » (2 min 7 s, 7-9)
Cet épisode des Maccabées montre bien l’émergence du concept de la résurrection des justes. Le martyre des fidèles est glorifié. Et cette récompense est de ressusciter pour une vie éternelle. Notons que rien n’est prévu pour les impies, dont la destinée est sans doute de descendre au shéol, le lieu traditionnel de la mort.
Au temps de Jésus, la résurrection était encore vue comme une idée relativement neuve. Certains groupes comme les saducéens n’y adhéraient pas alors que d’autres comme les pharisiens y croyaient. Après la mort de Jésus, c’est le concept de la résurrection autrefois appliqué aux Maccabées qui a permis aux apôtres de raconter la vie nouvelle en Jésus Christ dont ils font l’expérience.
Une résistance qui donne des résultats
En plus de la résistance aux pratiques de l’assimilation, les Maccabées ont pris les armes et même réussit à prendre le pouvoir de 157 à 40 av. J.-C. D’ailleurs, c’est le seul moment d’indépendance politique des Juifs en Palestine entre l’exil à Babylone (587 av. J.-C.) et l’État moderne d’Israël (1948).
Martyrs contemporains
Heureusement, aujourd’hui la liberté de pratique religieuse est un droit garanti par l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme1. Pourtant, il y a encore trop de personnes qui subissent un sort similaire aux Maccabées. On peut facilement penser aux chrétiens qui ont été chassés de leurs villages ou tués par le groupe armé État Islamique puisqu’ils refusaient de se convertir à l’islam. Heureusement, comme le dit le livre des Maccabées, ce ne sont pas les dirigeants sur terre qui ont le dernier mot.
Que signifie le mot « Maccabée » | L’origine du mot est incertaine, mais plusieurs croient qu’il fait référence au mot maqqaba « marteau ». |
Quel est le nom de la mère et des sept fils Maccabées morts martyrs? | Ils restent anonymes dans le récit biblique, mais la tradition ultérieure a appelé la mère Hannah et les fils Abim, Antoine, Gourias, Éléazar, Eusébon, Akhim (Samonas), et Marcel. |
Combien de livres des Maccabées sont dans la Bible? | Les orthodoxes ont intégré les quatre livres des Maccabées dans leur Bible tandis que les catholiques ne reconnaissent que les deux premiers. Les protestants et les Juifs n’en reconnaissant aucun. |
Quel est le lien entre les Maccabées et la fête juive de Hanoucca célébrée proche de Noël? | Hanoucca commémore la victoire militaire des Maccabées. Lorsqu’ils prirent le contrôle du Temple, les prêtres ont réussi à faire brûler la lampe du sanctuaire pendant huit jours avec une quantité d’huile suffisante pour une journée. |
Sébastien Doane
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1 Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.