Jacques

Découvrir Jacques en rencontrant Matthieu

Jacques

 

Comme animateur de pastorale, je guide des groupes d’élèves dans les rues de Montréal pour rencontrer des personnes itinérantes. On leur paye quelque chose à manger et ils nous parlent de leur réalité. La dernière fois, nous avons rencontré Mathieu, un homme de trente ans assis par terre quêtant au métro McGill. Il était en pleine lecture biblique lorsque nous l’avons abordé. Je lui dis que moi aussi, je suis un passionné de la Bible. Ses yeux s’illuminent et nous commençons à en parler. Il me dit que parmi ses livres bibliques préférés se trouve la lettre de Jacques. Je suggère alors à mon groupe de prendre un moment pour lire un passage de cette lettre :

« Mes frères, à quoi cela sert-il à quelqu'un de dire : “J'ai la foi”, s'il ne le prouve pas par ses actes? Cette foi peut-elle le sauver? Supposez qu'un frère ou une sœur n'aient pas de quoi se vêtir ni de quoi manger chaque jour. À quoi cela sert-il que vous leur disiez : “Au revoir, portez-vous bien; habillez-vous chaudement et mangez à votre faim!”, si vous ne leur donnez pas ce qui est nécessaire pour vivre? Il en est ainsi de la foi : si elle ne se manifeste pas par des actes, elle n'est qu'une chose morte. » (Jc 2,14-17)

Une foi qui ne se traduit pas en actes concrets envers les plus petits ne donne rien. Ce jour-là, nous avons donné un peu de nourriture et de réconfort à Mathieu, mais lorsque nous l’avons quitté, je vous avoue que j’avais un petit pincement au cœur… On retournait vers notre confort alors que lui restait là, par terre, à quêter. 

Mais au juste, qui est Jacques?

Jacques est un des personnages les plus importants de la naissance de l’Église. Il est le responsable des chrétiens à Jérusalem. C’est lui que Paul va rencontrer après sa conversion lorsqu’il vient à la ville sainte. Au concile de Jérusalem, raconté dans le livre des Actes, c’est Jacques qui préside la discussion et qui tranche le débat entre Pierre et Paul. Il est si important que même Flavius Josèphe, un historien non chrétien de l’époque, parle de lui en racontant son exécution par lapidation en 62. Pourtant, Jacques n’est pas un apôtre. Sa place importante dans la communauté vient de sa présence dans la famille de Jésus.

Jacques, frère de Jésus?!?

Les évangiles de Marc et Matthieu citent les noms des frères de Jésus. « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici, chez nous? » (Mc 6,3) Les lettres de Paul et les Actes des Apôtres en parlent comme le frère du Seigneur. Comment comprendre cela? Les catholiques suivant saint Jérôme vont interpréter ces frères comme des cousins. Les orthodoxes vont comprendre qu’ils sont des demi-frères provenant d’un premier mariage de Joseph. Finalement, la majorité des protestants vont les voir comme de vrais frères de sang. L’espace nous manque pour aller plus loin sur ce sujet, mais retenons que la Bible nous transmet qu’en plus de Marie, Joseph et Jésus, il y avait quatre garçons et des filles vivant avec eux. La Sainte Famille était plus grande qu’on se l’imagine. Jacques faisait donc partie de la famille de Jésus.

À la tête des chrétiens de Jérusalem, les origines modestes de Jacques vont se traduire par une attention aux pauvres nécessaire pour diriger la communauté chrétienne de Jérusalem reconnue pour sa pauvreté matérielle. Un thème cher à la lettre de Jacques. D’ailleurs, cette lettre lui est attribuée, mais les exégètes s’entendent pour dire qu’elle a probablement été écrite par chrétien lettré issu de la communauté dont Jacques était le responsable.

Étant d’origine juive, Jacques est très proche des écritures et lois juives. Il va prendre position en faveur de la circoncision pour les nouveaux chrétiens et pour l’abstention de consommation de viandes sacrifiées aux dieux de l’Empire.

La prière selon Jacques

On pense souvent à Jacques comme modèle de foi dans l’action, mais il est aussi un grand priant. Dans son histoire ecclésiastique, Eusèbe dit de Jacques le juste qu’il a si souvent prié au Temple que ses genoux étaient aussi calleux qu’un chameau. Terminons avec quelques mots de la lettre de Jacques au sujet de la prière : 

« Quelqu'un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu'il prie. Quelqu'un est-il heureux? Qu'il chante des louanges. L'un de vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens de l'Église; ceux-ci prieront pour lui et verseront quelques gouttes d'huile sur sa tête au nom du Seigneur. Une telle prière, faite avec foi, sauvera le malade : le Seigneur le remettra debout, et les péchés qu'il a commis lui seront pardonnés. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin d'être guéris. La prière fervente d'une personne juste a une grande efficacité. Élie était un homme semblable à nous : il pria avec ardeur pour qu'il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et demi. Puis il pria de nouveau; alors le ciel donna de la pluie et la terre produisit ses récoltes. » (Jc 5, 13-18)

Jacques
Frères de Jacques, Josès, Jude, Simon et peut-être Jésus
Surnoms frère du Seigneur, frère de Jésus, le juste
Responsabilité ecclésiale  Responsable des chrétiens de Jésuralem
Autres Jacques 
du Nouveau Testament
Jacques, fils de Zébédée (Apôtre)
Jacques, fils d’Alphée (Apôtre)
Pire commentaire 
au sujet de la lettre de Jacques
Luther dit que c’est une « épitre de paille »

 

Sébastien Doane

Première parution : Revue Notre-Dame du Cap