Hérode le Grand

Hérode le Grand et le cruel

Hérode le roi cruel
Hérode, le roi cruel, ordonne d'assassiner même ses proches. © wol.jw.org

Plusieurs films, comme ceux de Disney, présentent un personnage maléfique plus grand que nature. Au cours du visionnement, on aime haïr ce perturbateur. On le dépeint à la fois puissant et cruel, mais au final, il ne s’avère jamais vainqueur. Dans le récit des origines de Jésus de l’évangile de Matthieu, Hérode joue ce rôle. 

Le cruel

Au temps de la naissance de Jésus, Hérode est à la fin de son règne sur la Judée. Il a obtenu ce titre de l’Empire romain grâce à ses nombreux pots-de-vin et aux coups d’État réalisés par son armée. Bien qu’Hérode s’affiche en tant que pratiquant des rituels judaïques, il était considéré comme demi-Juif parce qu’il est le fils d’un Iduméen (l’Édom de l’Ancien Testament) un peuple ennemi d’Israël. 

Plusieurs groupes se révoltent contre lui, mais sa cruauté et son génie politique lui permettent d’assoir son pouvoir. Une image saisissante de ceci est le sort de sa propre famille : Hérode n’a pas peur d’assassiner ceux qui sont proches de lui au besoin. Ainsi, il tue presque toute sa belle-famille, sa femme Mariamme et trois de ses fils aînés. On en vient même à dire : « mieux vaut être un cochon d’Hérode que son fils ». Il exécute aussi bien les paysans qui se révoltent en Galilée que les citoyens les plus fortunés et les prêtres de Jérusalem. Sur son lit de mort, Hérode ordonne d’assassiner un nombre important de Juifs bien en vue pour s’assurer qu’un maximum de ses sujets porterait le deuil le jour de sa mort. Heureusement, cette dernière volonté n’a pas été accomplie.

Le Grand

Puisqu’il y a eu plusieurs personnes nommées Hérode, un qualificatif était nécessaire pour le distinguer des autres. On l’appelle « Le Grand » en raison de son intense activité de construction. À Jérusalem, il érige un théâtre, un amphithéâtre, un palais royal et la forteresse Antonia en l’honneur de l’empereur Marc Antoine. Il reconstruit Samarie, changeant son nom pour Sébaste, et érige la ville de Césarée en l’honneur de l’empereur Auguste. Hérode se fait construire plusieurs palais dans le désert comme Massada et l’Hérodion. 

Il érige aussi des temples en l’honneur de l’Empereur, favorisant ainsi le culte impérial et le polythéisme. Bien connu pour sa reconstruction du Temple de Jérusalem, Hérode y installe un aigle d’or, symbole de l’Empire romain, provoquant la colère de plusieurs. Un autre motif de révolte se trouve dans les taxes énormes payées par le peuple pour payer toutes ces extravagances.

Qui est le roi des Juifs? 

L’évangile de Matthieu présente Hérode avec beaucoup d’ironie. Il lui attribue des titres et des pouvoirs importants et, en même temps, il subvertit le portrait du pouvoir qu’il a mis en place. Par trois fois, Hérode est qualifié de roi. De plus, ses actions montrent bien l’étendue de son pouvoir. Il donne des ordres aux personnages juifs et non-juifs, tous répondent quand il les questionne, toutes ses actions ont des conséquences immédiates sur ceux qui l’entourent et il a le pouvoir de vie et de mort sur ses sujets. L’image d’Hérode présentée par Matthieu correspond en tout point au personnage historique. Il est astucieux, autoritaire, cynique et sans merci. Il répond aux défis, il garde des secrets et il porte des intentions maléfiques. 

Pourtant, Matthieu remet en question ce pouvoir avec un contraste évident entre Jésus et Hérode. Jésus est désigné neuf fois comme « enfant »; il est donc sans voix, dépendant et vulnérable. Jésus n’est à l’origine d’aucune action dans ces récits de l’enfance, au contraire, les autres posent des gestes envers lui. Il est aussi faible qu’Hérode est puissant. 

Mais quelques éléments montrent bien que le pouvoir d’Hérode n’est qu’apparent. D’une part, les mages viennent voir Hérode pour lui demander le lieu de naissance du roi des Juifs, puisqu’ils veulent lui rendre hommage et lui apporter des cadeaux. Pourtant, ils s’adressent au roi actuel de la Judée sans lui rendre hommage et sans lui donner quoi que ce soit. Qui est le roi des Juifs? La réponse devrait être Hérode, mais le récit suggère que le vrai roi n’est pas sur le trône. D’autre part, l’Ange du Seigneur froisse les plans d’Hérode qui veut assassiner le nouveau-né. Hérode ne peut rien devant l’initiative divine.

En fin de compte, l’annonce de la mort d’Hérode permettant le retour de la Sainte Famille porte aussi une pointe d’ironie. Lui qui voulait tuer un nouveau-né meurt, alors que sa victime se porte bien. Le message du début de l’Évangile de Matthieu est clair : Hérode n’est pas le vrai roi de la Judée et son pouvoir n’est pas authentique, puisque la vraie royauté est celle de l’enfant naissant. Comme dans tous les bons films, le méchant finit par mourir pour que le véritable héros puisse triompher.

Hérode en bref
Date de naissance et de décès

Naissance : 76 av. J.-C. et mort 4 av. J.-C.

Nombre de femmes

Hérode a eu dix femmes. Flavius Josèph raconte aussi qu’il a été l’objet d’une tentative de séduction de Cléopâtre qui convoitait une partie de son territoire.

Constructions d’Hérode accessibles au public.

Le mur des Lamentations, la forteresse de Massada, l’Hérodion, Césarée maritime, son palais à Jéricho…

Citation positive du Talmud au sujet d’Hérode

 « Qui n’a pas vu de bâtiment du roi Hérode n’a rien vu de beau de sa vie. »

Citation négative du Talmud au sujet d’Hérode

« Il a volé le trône comme un renard, a régné comme un tigre et est mort comme un chien. »

L’autre Hérode du Nouveau Testament  

Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand, gouvernera la Galilée lors de la vie de Jésus. Les évangiles parlent de lui lorsqu’il décapite Jean Baptiste et lors du procès de Jésus.

Sébastien Doane

Première parution : Revue Notre-Dame du Cap