David

David : grand saint et/ou pire pécheur!

J’aime beaucoup lire l’Ancien Testament, mais ce n’est que récemment que j’ai repris contact avec cette partie de la Bible. Avant, je privilégiais l’étude des Évangiles pour centrer mon attention sur Jésus. Je n’avais pas encore compris à quel point il faut lire les pages du Premier Testament pour réellement comprendre l’histoire et la culture dans laquelle Dieu s’est incarné. De plus, l’étude de l’Ancien Testament m’a mis en contact avec des femmes et des hommes si fascinants. Dès la première lecture, j’ai été frappé par leur profonde humanité. Ils sont capables du meilleur comme du pire. Et, malgré cela, Dieu accepte de faire alliance avec eux. 

Le meilleur exemple de ceci est le roi David. D’une part, il est présenté comme le roi biblique idéal. D’autre part, les textes nous le présentent comme quelqu’un qui a commis l’adultère et le meurtre. Comment est-ce que Dieu peut encore interagir avec lui?

La renommée

Le nom David veut dire « bien-aimé ». Il porte bien son nom puisque ce n’est pas tant lui qui aime Dieu que Dieu qui l’aime lui. Il a été choisi par Dieu à travers l’action du prophète Samuel alors qu’il n’était qu’un petit berger. Le récit qui fait la renommée de David raconte son affrontement avec Goliath. Il réussit avec sa fronde et une seule pierre à terrasser le géant philistin. Dans les récits de vocation de David, ce n’est pas sa force ou sa sagesse qui font que tout lui réussit. Dieu le choisit et David accepte de se mettre à sa disposition. Il ose affronter le géant parce qu’il sait que Dieu est à ses côtés.

Cet exploit lui vaut une grande renommée. Lorsque le roi Saül meurt, David prend place sur le trône et devient roi. Son règne est si marquant que les textes bibliques en viennent à l’idéaliser et le présenter comme le prototype du roi parfait. Si bien que des siècles plus tard lorsque le pays sera détruit par les Babyloniens, l’espoir se construira autour de l’attente d’un messie dans la lignée de David pour restaurer la gloire d’Israël. 

Le péché 

La Bible transmet aussi un récit (2 S 11,5-21) qui montre le côté sombre de David. Il se promenait sur le toit du palais lorsqu’il vit une femme qui se baignait. David s’informe au sujet de cette femme et apprend qu’il s’agit de Bethsabée, la femme de Urie, un officier parti combattre les Ammonites. David la fait venir et il couche avec elle. 

Bethsabée devient enceinte. Pour tenter de s’en sortir, David veut obliger Urie à coucher avec sa femme pour que sa paternité soit évidente. Le récit devient alors particulièrement intéressant puisqu’il montre un contraste entre les manigances de David et la solidité morale d’Urie qui refuse d’aller dormir chez lui pendant que ses compagnons se battent contre les Ammonites. David contrevient alors à un autre des dix commandements et le fait tuer.

Comment Dieu va-t-il réagir à cette histoire de meurtre et d’adultère commis par le roi? Suite à cet épisode, Dieu appelle le prophète Natan et l’envoie interpeller David. Il lui montre l’étendue de sa faute. David répond simplement : « En effet, j’ai péché, je n’aurais pas dû agir ainsi. » Et aussitôt, Natan dit « Le Seigneur, de son côté, a passé sur ton péché. Tu ne mourras pas. Mais, puisque, dans cette affaire, tu as gravement outragé le Seigneur – ou plutôt, ses ennemis –, le fils qui t’est né, lui, mourra. » (2 S 12, 9-15)

Un Dieu de justice et de pardon

Regardons plus attentivement la réaction du Seigneur. D’abord, il fait preuve de compassion, en pardonnant à David qui a reconnu son péché. Puis, il le punit, en faisant mourir l’enfant né de cette union. Les deux attitudes de justice et de pardon nous semblent opposées. Pourtant, elles sont très représentatives du Dieu de la Bible.
Dieu punit donc David pour ses crimes, mais le récit se termine sur une note plus positive. Le texte indique que Dieu aima Salomon, le deuxième enfant de David et Bethsabée. Avec lui, le règne de la maison de David trouvera une nouvelle grandeur et sa sagesse sera reconnue.

Voici une image qui peut nous aider à comprendre. Quotidiennement, tout parent doit à la fois punir son enfant et lui pardonner lorsqu’il enfreint les règles de la vie familiale. Ces deux attitudes sont nécessaires à son bon développement. La réponse de Dieu dans ce récit, faite de justice et de pardon, se comprend mieux lorsque nous prenons conscience que nous aussi nous sommes capables de ces deux attitudes dans la vie de tous les jours.

Sébastien Doane

Première parution : Revue Notre-Dame du Cap